Napoleon - An Intimate Portrait Napoleon - An Intimate Portrait



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● L.A.S 1904 Yves GUYOT born in Dinan - economist journalist - La vie de Paris
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● L.A.S 1904 Yves GUYOT born in Dinan - economist journalist - La vie de Paris:
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●Yves GUYOT-(Dinan 1843 - Paris 1928)●
Homme C\'est unrépublicainanticlérical et un libéral, partisan farouche dulibéralisme politiquecomme dulibéralisme économiquelibre-échangiste.Il a été un conseiller municipal de Paris, un député et un ministre de gauche sous laIIIeRépublique, avant 1914, le directeur d\'un quotidien parisien,Le Siècle, de 1892 à 1903, a collaboré à de nombreux périodiques et a animé plusieurs associations.

L.A.S - Paris, 95 rue de Seine, 26 février 1904
1p 1/2 in-8 - (13x21.5cm env)

\" Mon cher confrère,
Je vous remercie beaucoup de votre volume : la Vie de Paris 1903.
Il est très enlevé.

Voir mes 2 photos

Bel état de conservation
Envoi soigné / protégé

Informations complémentaires :
Il est le fils de Prosper Guyot, avocat àRennes, et d\'Héloïse Daubes. Ses ancêtres du côté paternel ont pu être avocat - tel son grand-père Yves-Julien -, juge de paix, notaire, procureur, sénéchal enErcé-près-Liffrépour le marquisat du Bordage, fief protestant. La famille Guyot réussit à acheter lechâteau du Bordageaprès la révolution. Il est autorisé à prendre le nom d\'Yves-Guyot au lieu de Guyot par un jugement du tribunal civil de Dinan du6 novembre 19182.
Après avoir suivi ses études secondaires à Rennes, et après une licence de droit3, il s\'installe à Paris en 18644, pour s\'occuper notamment de navigation aérienne: il est alors secrétaire de rédaction deL\'Aéronaute, revue fondée parNadar, et agent général de laSociété d\'encouragement de la locomotion aérienne au moyen du plus lourd que l\'air5. Il publie son premier livre en 1867,L\'Inventeur, qui inaugure une longue série d\'ouvrages traitant de sujets divers, et collabore à des journaux commeLa Pensée nouvelleouLe Courrier français.
À l\'instigation deLéon Gambettadont il a fait la connaissance en 18676et comme laloi de 1868 sur la pressesupprime l\'autorisation préalable pour les périodiques, il accepte de diriger le journal nîmoisl\'Indépendant du Midià partir d\'octobre 1868C\'est alors un opposant duSecond Empirefinissant. Ses articles et son militantisme lui valent trois condamnations, dont une peine de prison d\'un mois7. Evincé du journal à l\'été 1869 car jugé trop combatif, il attaque en justice le gérant du journal8. Il collabore au journalLes Droits de l\'homme, publié à Montpellier, et tente de lancer en 1869 un journal de la«démocratie radicale»dans le Gard9.
Il rejoint ensuite à Paris les milieux républicains et va mener de front une carrière de journaliste, de publiciste et d\'homme politique. Il est ainsi secrétaire d\'un actif foyer de propagande républicaine, le comité antiplébiscitaire de la rue de la Sourdière, opposé auplébiscite du 8 mai 18707. Parallèlement, il est admis enmars 1870à laConférence Molé-Tocqueville10. Du fait de son action en faveur de la République, il est arrêté enaoût 1870et brièvement emprisonné. Il est en prison au moment du4 septembre 187011. Il a été le témoin des deux sièges de Paris et de ce qu\'il appela plus tard dans son livreLa tyrannie socialiste(1893)«le spectacle lamentable des hommes et des choses»de laCommune, son«odieuse folie»12. Pour autant, il a été un partisan de la conciliation entre Communards et Versaillais. Il est en effet membre de laLigue d\'union républicaine des droits de Paris13et membre du Comité de l\'équilibre républicain, dont il cosigne le manifeste électoral d\'avril 1871. Ce manifeste affirme qu\'il faut«empêcher l\'énergie de la Commune, née de la lutte, constituée par le combat de dégénérer en violence»et qu\'il«faut des hommes qui, mettant les principes au-dessus de la lutte, assurent le respect des droits individuels que la République a toujours réclamés: liberté individuelle, liberté de la presse, de réunion, d\'association, afin que la sécurité de nos adversaires démente leurs calomnies»14.
Le journaliste[modifier|modifier le code]
Il collabore au quotidien parisienLe Rappellors de sa fondation, comme secrétaire de la rédaction15. Mais ce journal est suspendu enmai 1871en vertu de la loi sur l\'état de siège. Soutenu financièrement par le banquier radicalJules Mottu16, il fonde alors et dirige à partir deseptembre 1871La Municipalité, qui est l\'organe des républicains radicaux du nouveau conseil municipal parisien17. Il collabore également à d\'autres journaux de gauche commeLe Radical(1871-72)18et plus tardLa Lanterne, de 1878 à 1889. Secrétaire particulier de l\'industriel chocolatier et député républicainÉmile-Justin Menierqu\'il a rencontré en 187317, il a été rédacteur en chef de journaux financés par ce dernier: la revue bimensuelle laRéforme économiquelancée en novembre 1875 puis le quotidien racheté en 1876Le Bien public19. Selon Guyot, ce journal réclame l\'extension des libertés politiques, s\'intéresse aux réformes économiques, est«guidé par la méthode scientifique»et étudie«avec un soin rigoureux»toutes les questions20.Émile Zolaest son critique dramatique. Il a collaboré auVoltaire, qui a pris la suite de ce quotidien en 1878. Il a auparavant collaboré en 1876-1877 à un éphémère journal de combat, LesDroits de l\'homme, avec ses amisSigismond Lacroix, un ancien duRadicalcomme lui, etHenry Maret21. Un journal financé par Menier, même s\'il s\'en défend, et situé plus à gauche que leBien publicdont le ton est modéré malgré une équipe journalistique radicale22. Ce quotidien radical critique les républicains modérés comme Gambetta et attaque le gouvernement23. Les adversaires de Menier et de Guyot soulignent les lignes éditoriales différentes sinon contradictoires entre leBien publicet lesDroits de l\'hommepourtant rédigés par les mêmes hommes24.
Guyot fait partie en 1881, à sa fondation, du comité de l\'Association des journalistes républicains25. Il lui est arrivé auparavant de présider le banquet mensuel de la presse républicaine26. Comme nombre de journalistes de l\'époque, ses articles l\'amènent à se battre en duel27. Par exemple contre l\'ancien préfet de policeLouis Andrieux28.
D\'avril 189229àjanvier 190330, il est le directeur politique du quotidienLe Siècle. Il considère un journal«comme une chaire d\'enseignement supérieur, qui doit développer certaines doctrines, affirmer certains principes, fournir des documents et ne pas suivre, comme une bouée, les divers courants de l\'opinion»29. Deseptembre 1900àmars 1902, il met en place une formule originale: l\'éditorial et les articles de réflexion quittent la«une»et sont placés en3epage, afin«d\'établir un journal conforme ( à ) la méthode scientifique»-«des faits d\'abord, des opinions ensuite». Mais la formule ne plaît pas aux lecteurs31.
Il collabore en parallèle, dedécembre 1893à l\'été 1895, au quotidien républicain modéréLe Matin, qui l\'a embauché en raison de ses convictions antisocialistes32. Defévrier 1896au tout début de l\'année 1898, il collabore auJournal des débats; il y dirige la partie économique33. Il continue de collaborer auSiècleaprès 1903. Il y tient une chronique économique hebdomadaire34et signe presque chaque semaine des articles de fond, sur des questions essentiellement socio-économiques. Il cesse cette collaboration enfévrier 190935.
Quelques mois plus tard, en novembre36, il succède àGustave de Molinarià la tête duJournal des économistes, lié à laSociété d\'économie politique. Il demeure le rédacteur en chef de ce périodique libéral jusqu\'à son décès.
Il a été enfin le directeur à partir de 1911 de l\'Agence économique et financière, qui deviendra plus tardL\'Agefi. C\'est alors une agence dotée d\'un service télégraphique et téléphonique, spécialisée dans l\'actualité économique. Elle fait paraître aussi un bulletin quotidien - c\'est encore une autre tribune pour Guyot, qui y signe des éditoriaux - et des suppléments hebdomadaires. L\'agence a été constituée en société anonyme au capital d\'un million de francs37. À ce titre, il est cité parBoris Souvarinedans sa campagne dansL\'Humanitéfondée sur les archives de l\'économiste libéralArthur Raffalovitch- c\'est un proche de Guyot; il collabore auJournal des économistes- au sujet de «l\'abominable vénalité de la presse» et des emprunts russes d\'avant-guerre: il a accepté en 1914 de publier dans son bulletin et dans un supplément des informations en provenance du ministère des finances russe, moyennant des abonnements souscrits par ce ministère38. Le supplément russe de l\'agence est de même subventionné par les Russes durant la Première Guerre mondiale39.
L\'homme politique: de l\'extrême gauche radicale au centre-droit[modifier|modifier le code]
Il est élu conseiller municipal de Paris, du quartier Saint-Avoye (3earrondissement), de 187440à 1878 - il annonce findécembre 1877qu\'il ne représente pas, espérant être élu député à Bordeaux41. Il parvient à se faire réélire conseiller municipal enfévrier 1880, dans le quartier de Notre-Dame (4earrondissement)42. Il préconise alors la laïcisation de l\'enseignement primaire43. Réélu enjanvier 188144, il est en revanche battu enmai 188445.
Après un premier échec à Bordeaux enjanvier 1878- il était le candidat du parti radical46et un second enaoût 1881à Paris contre le ministrePierre Tirard47, il est élu député du1erarrondissement de Parisen 1885 sur une liste patronnée par la presse radicale -La Lanterne48notamment - et parGeorges Clemenceau49. Il siégea d\'abord au sein de l\'Extrême gaucheen1885puis en1889dans le groupe parlementaire de laGauche radicale50.
Il est désigné en 1887 rapporteur général du budget51et élu vice-président de la commission du budget l\'année suivante52. Il devient en 1889 ministre des Travaux publics dans lesecond gouvernement de Pierre Tirard53. Son beau-frèrePaul Sébillotest son directeur de cabinet. Tirard est son ancien rival mais le cabinet qu\'il constitue, mis en place trois semaines après la victoire dugénéral Boulangerà Paris, a pour but de combattre le boulangisme. Or Guyot est hostile auboulangismeet soutient le système parlementaire54.«Je suis antiboulangiste, parce que le général Boulanger représente le coup d\'état, la dictature et la guerre», écrivait-il en 188855. La majorité des radicaux refuse de collaborer avec le gouvernement Tirard, condamne la participation de Guyot à ce gouvernement. Le propre journal de Guyot,La Lanterne, le désavoue56.
Il est réélu enseptembre 1889au scrutin uninominal contre un boulangiste modéré57. Il est alors patronné par le comité républicain radical socialiste de l\'arrondissement, même s\'il fait désormais figure de radical modéré58. Il conserve son portefeuille ministériel durant trois années, jusqu\'en 1892, dans lequatrième gouvernement de Charles de Freycinet. Il a la charge des transports et d\'aucuns moquent son goût pour les inaugurations de ponts ou de voies ferrées partout en France, qui donnent lieu à des banquets, des discours, des remises de médailles59.Albert MillaudduFigaros\'en fait une spécialité dans des saynètes amusantes60. Comme ministre, il eut également la responsabilité de l\'exploitation des mines. Il avait écrit en 1873 et publié en 1882La Famille Pichot. Scènes de l\'enfer social, roman consacré au monde de la mine dans lequel il dépeignait un accident degrisou, une grève et un patronat bonapartiste paternaliste et cupide, afin de montrer«les vices réciproques qui se placent en travers des solutions»61. Lui qui défend alors des thèses très libérales fait pourtant voter une loi-cadre sur la sécurité minière qui organise celle-ci sur une base paritaire et démocratique: des délégués à la sécurité seraient élus par le personnel pour discuter de cette question avec la direction62. Ce libéral se flatte en outre de n\'avoir jamais demandé de«crédit supplémentaire pour insuffisance de prévision», ce qui aurait faussé l\'équilibre du budget voté, pendant ses trois années au ministère63.
Il perd son siège de député en 1893: il se retire après le premier tour, battu par un républicain de centre-gauche rallié au radicalisme socialisant,René Goblet64, en raison de sa forte opposition aux socialistes. Les milieux socialistes et syndicalistes de laBourse du travail de Paris, qui disent se sentir attaqués par des propos incendiaires de Guyot prononcés à la Chambre enmai 1893, le dénoncent65. En outre, une partie de ses anciens soutiens radicaux s\'est éloigné de lui et le combat désormais, l\'accusant d\'avoir renié son programme — à propos notamment de la révision de la constitution et de la séparation des Églises et de l\'État66. On l\'accuse aussi de s\'être fait rembourser ses dépenses de voyages d\'inaugurations lorsqu\'il était ministre67.L\'Intransigeantd\'Henri Rochefort, un ancien duRappelet desDroits de l\'hommedevenu boulangiste et nationaliste, l\'attaque violemment; il l\'accuse non sans approximations et erreurs d\'être un renégat68. Guyot revient sur cette accusation dansLe Siècle(évocation de sonHistoire des prolétairesde 1872)69et dans le premier chapitre de LaComédie socialiste(«Tentative d\'annexion»), montrant qu\'il n\'a jamais été ni communard, ni socialiste et ne reconnaissant qu\'une erreur, celle d\'avoir accepté en 1885 et 1889 l\'épithète radical-socialiste. Notant cependant que cette épithète était«peu compromettante»à l\'époque - LeJournal des débatslui reprocha cependant d\'avoir accepté l\'investiture d\'un«comité socialiste»70- et que le danger boulangiste l\'emportait alors sur le danger socialiste. Quant à la polémique sur ses frais de voyage, il répond à raison qu\'aucun député ne l\'a interpellé à la Chambre sur cette question, que ses frais ont été déclarés, selon les usages71.
Il est membre dans les années 1890 de l\'Association nationale républicainequi rassemble des républicains modérés et libéraux72, et il appelle à la formation d\'un«grand parti de gouvernement libéral»73. Il n\'est pas candidat aux législatives de 1898: aucun comité n\'a souhaité le soutenir en raison de son antisocialisme intransigeant, de ses convictions hostiles aux protectionnistes commeJules Méline, président du conseil, et de son engagement en faveur de Dreyfus74. D\'autant qu\'il est en froid avec les républicains libéraux à qui il reproche leur refus de s\'engager pour le capitaine Dreyfus et leur tentation de s\'allier avec la droite75. Il estime que le parti libéral«s\'est suicidé en France par sa politique protectionniste, par sa politique de salut public dans l\'Affaire Dreyfus, par sa faiblesse à l\'égard des socialistes, par l\'oubli des principes essentiels de la Révolution»76. Mais il entend vouloir poursuivre son œuvre pour l\'établissement d\'un parti libéral«qui ne soit ni clérical, ni socialiste, un parti qui représente la tradition des principes de 89»77.
Il échoue à nouveau à se faire élire député en 1902; il s\'était porté candidat dans la circonscription de l\'Inde française78. Il dénonce dansLe Siècle, avant et après le scrutin, la situation de cette colonie, l\'irrégularité notoire des élections, les agissements frauduleux d\'un conseiller général, Chanemougam, maître tout puissant de la colonie, et la validation de l\'élection deLouis Henrique-Duluc, malgré les fraudes avérées79. De même, il est battu aux législatives de 1906 et 1910, àSisteron80. Là encore, il dénonce le candidat élu, le radical-socialisteAntony Joly81. Lors de ces deux élections, il est le candidat d\'un parti de centre-gauche auquel il appartient, l\'Alliance républicaine démocratique82.
Le Sièclequ\'il dirigea approuva le programme de ce parti républicain laïc et libéral fondé en 190183. La pensée de Guyot a influencé les thèses de ce parti84. Guyot a donné une conférence enmai 1905sur la Séparation des Églises et de l\'État, sous la présidence deMarie-Adolphe Carnot, président de l\'Alliance et sous les auspices de ce parti, qui a publié la conférence85. Il participe aux banquets annuels du parti dans les années 190086. On le trouve aussi aux banquets duComité républicain du commerce, de l\'industrie et de l\'agriculturedans la première moitié des années 190087.
Enjuin 1922, il figure au banquet de l\'Action nationale républicaine, un cartel éphémère de partis politiques républicains de droite - l\'Alliance démocratique n\'y adhère pas - et de ligues présidé par le députéFrançois Arago88. Deux ans plus tard, Guyot, dans sonJournal des économistes, estime que l\'Alliance républicaine démocratique, qui a évolué vers le centre-droit, est«le groupe qui peut présenter le plus de garanties au point de vue politique; ( il faut donc ) se rallier à lui, appuyer son action et faite voter pour ses candidats». Il souligne toutefois les insuffisances de son programme89.
Les prises de position de Guyot[modifier|modifier le code]
Son biographe Jean-Claude Wartelle souligne que ses multiples prises de position, menées au nom de la liberté, dans tous les domaines, sont celles d\'un lutteur, adepte des polémiques ayant une dimension personnalisée, visant des individus incarnant des principes détestés, dans le contexte de l\'apogée de la presse d\'opinion et du goût des journalistes et des hommes politiques pour ces polémiques90. Il s\'en prit ainsi au préfet de police, àJean Jaurès, àJules Méline.
Dans les premières années de laIIIeRépublique, alors que les républicains ne sont pas encore au pouvoir, il fait figure de républicain d\'extrême gauche. Du fait de son adhésion au programmeradical, de son hostilité aux droites de l\'Ordre moralet parce qu\'il est un libre penseur91, anticlérical, dans une période où la question religieuse et la laïcité séparent la droite de la gauche. Auteur d\'études sur les doctrines sociales du christianisme, publiées par la librairie anticléricale92, il est membre d\'une ligue anticléricale au début des années 188093. C\'est lui qui préside la dernière réunion anticléricale deLéo Taxilen 1881; il le présente comme un des successeurs de Voltaire et un champion de la libre pensée94. Il est initié franc-maçon95dans la logeL\'École mutuellele6 juin 1879, à l\'instar du directeur deLa Lanterne,Eugène Mayer96. Il a fait partie d\'autres loges et n\'a pas exercé de responsabilités auGrand Orient.
DansLe Siècle, il définit ce que doit être un libre penseur et un gouvernement laïc:«Un libre penseur, qui n\'a pas de rapports avec son curé, n\'a pas de contestation avec lui. […] Il a une tolérance d\'autant plus grande qu\'elle est empreinte d\'indifférence. […] Si le prêtre est fanatique, le devoir du libre penseur est de ne pas l\'être. Si le prêtre est sectaire, le libre penseur doit prouver sa supériorité morale par une tolérance dédaigneuse. […] Si nous voulons nous mettre à l\'abri du cléricalisme dans nos lois […], nous devons être laïques dans nos mœurs […]. L\'État n\'a à s\'inquiéter des questions religieuses que lorsqu\'elles empiètent sur le domaine civil ou se mêlent à la politique. […] Nous croyons qu\'un gouvernement ne doit jamais faire de politique de combat. Il doit faire une politique de défense quand les intérêts dont il a la charge sont attaqués. En matière religieuse, il ne doit faire ni une politique cléricale, ni une politique anticléricale, il doit faire une politique laïque»97.
Guyot et la Société d\'anthropologie de Paris[modifier|modifier le code]
Ce matérialiste admirateur desLumièresadhère en 1874 à une autre société savante, laSociété d\'anthropologie de Paris(SAP) dePaul Broca, et la préside en 190098. Il fait partie d\'un petit groupe matérialiste et anticlérical au sein de la SAP, issu de la Ligue d’Union républicaine des Droits de Paris. Ce groupe a constitué une Société d\'autopsie mutuelle, annoncée parLe Bien publicde Guyot en 1876. Ses membres s\'engagent à léguer leur dépouille à la SAP. Avec un autre député, Guyot obtient la loi du15 novembre 1887sur les libres funérailles. Au même moment, en 1886-1887, Guyot et ses amis du groupe matérialiste fondent une loge maçonnique, Le matérialisme scientifique99.
Il a été en 1875 l\'un des 24 membres fondateurs de l\'École d\'anthropologie, et son directeur de 1914 à 1920100. En 1888, il dépose une proposition de loi accordant la reconnaissance de l\'utilité publique à l\'école. La loi est adoptée l\'année suivante101.
En décembre 1902, il enregistre un message dans lequel il propose de s\'interroger sur les conséquences des activités humaines sur son milieu et dans lequel il appelle toute personne ayant des renseignements sur cette question à les lui transmettre dans le but d\'en faire une communication à la Société d’anthropologie de Paris102. Ce message a été enregistré à l\'initiative de Léon Azoulay et se trouve être l\'un des plus anciens documents enregistrés en français dans le domaine de l\'écologie103. La communication qu\'il souhaitait donner sur ce sujet semble ne jamais avoir eu lieu104.
Célébrer la mémoire des philosophes des Lumières[modifier|modifier le code]
Dès 1876, dans le journalLes Droits de l\'homme, il est l\'un des premiers à appeler à célébrer le centenaire deVoltairependant l\'exposition universellede 1878105. Ce centenaire a donné lieu à une querelle partisane106, entre d\'une part le camp catholique hostile à Voltaire et d\'autre part le camp laïc désireux de célébrer la mémoire du philosophe desLumièresafin d\'affermir uneIIIeRépublique encore mal assurée. Un comité du centenaire fut fondé en 1877, puis reconstitué en 1878. Mais le camp laïc se divise et deux comités concurrents se font face, le comité, modéré, de laSociété des gens de lettresautour deVictor Hugo, et le comité central du centenaire de Voltaire (appelé aussi«comité Menier»car il est financé par le chocolatier Menier), composé d\'anticléricauxmatérialisteset radicaux107. Guyot, comme les autres conseillers municipaux parisiens radicaux, en est l\'un des membres éminents; il défend le«comité Menier»dansLe Bien public108et donne une conférence sur Voltaire, durant laquelle il dénigre la littératureromantique, et donc implicitement Victor Hugo109. Mais, malade, il ne put assister au banquet du30 mai 1878organisé par le comité Menier. Ce dernier et Guyot y sont présentés comme les principaux organisateurs du centenaire110. En 1885 est inaugurée la statue de Voltaire sur lequai Malaquais. C\'est Guyot, au nom du Comité du centenaire, qui la remet à la ville de Paris111.
En 1883, Guyot propose au conseil municipal de subventionner l\'exécution d\'une statue deJean-Jacques Rousseau112et de subventionner le comité du centenaire deDenis Diderot113. Il est d\'ailleurs membre du comité du centenaire de ce philosophe des Lumières matérialiste. Si, malade à nouveau, il n\'assiste pas au banquet organisé pour le centenaire en 1884, il prend part à l\'inauguration de la statue de Diderot, sa maquette tout d\'abord et la statue deux ans plus tard114.
Séparer les Églises de l\'État[modifier|modifier le code]
C\'est un partisan de la séparation des Églises et de l\'État, qui est au cœur du programmeradical. Son programme électoral de 1881 mentionne ainsi cette séparation, la suppression du budget des cultes, la liberté absolue de conscience115. Il lance en 1885 dansLa Lanterneun projet de séparation des Églises et de l\'État116. L\'année suivante, ce projet devient une proposition de loi, qu\'il défend dans des réunions de francs-maçons117. Sa proposition consiste à régler cette question à l\'échelle des communes: elle serait facultative et dépendrait des communes et des contribuables qui le souhaitent. Deux ans plus tard, il initie la fondation d\'une Ligue pour la séparation des Églises et de l\'État par les communes, liée auGrand Orient de Franceet qu\'il préside118. Plusieurs autres parlementaires, souvent membres de la gauche radicale et/ou francs-maçons, et conseillers municipaux de Paris s\'y associèrent, commeJean-Baptiste Antoine Blatin,Philippe Émile Jullien,Georges Martin (franc-maçon), Léon Donnat (vice-présidents),Camille Jouffrault(secrétaire général),Paul Barbe(trésorier). 39 autres députés siègent à son comité directeur, telsArthur Ballue,Charles Beauquier,Jean Chantagrel,Ferdinand-Camille Dreyfus,Gaston de Douville-Maillefeu,Fernand Faure,Louis Guillaumou,Severiano de Heredia,Bernard Montaut,Martin Nadaud,Antoine Révillon,Jean Placide Turigny,Adolphe Turrel,Amédée Martinon de Saint-Ferréol,Maurice Vergoin,Albert Viger, etc. Ainsi que des publicistes ou directeurs de journaux, comme Eugène Mayer deLa Lanterne119. Elle fut cependant éphémère; elle ne résista pas à la tempêteboulangistequi divisa les radicaux.
Au temps de l\'affaire Dreyfus, il préconise dansLe Sièclela suppression duConcordatet ce qu\'il appelle la«concurrence religieuse». Il appelle à«décatholiciser la France»et estime le protestantisme supérieur au catholicisme hostile aux libertés120.
Le complot jésuite[modifier|modifier le code]
Lors de l\'affaire Dreyfus, Guyot dénonce la«conjuration qui, inspirée par lesjésuites, a pour instrument la démagogie boulangiste et antisémite»121. Il polémique dansLe SiècleavecFerdinand Brunetière122au sujet de Dreyfus, mais aussi deVoltaire. L\'affaire Dreyfus dépasse selon lui le cas du capitaine; elle oppose tous ceux«qui tiennent la loi en mépris, qui n\'ont foi que dans l\'infaillibilité d\'autorités providentielles […] ayant pour appui une démagogie cléricale encadrée dans un État-major dépendant du Vatican et du Gesù»[allusion aux jésuites qu\'il abhorre] à ceux qui«croient à la prédominance de la loi sur l\'arbitraire, qui veulent l\'application loyale de la République parlementaire et libérale. […] En un mot, la lutte est entre l\'absolutisme théocratique […] et la Révolution française»123. C\'est pourquoiLe Sièclelance enjuin 1899une pétition pour l\'expulsion des jésuites124. Guyot se dit persuadé de l\'existence d\'uncomplot des jésuites`, qui sont«une association de malfaiteurs», contre la République125. C\'est que Guyot demeure franc-maçon126, anticlérical127et libre penseur; il adhère à sa fondation en 1901 à l\'Association nationale des libres penseurs de France128.Le Siècleoffre alors à ses lecteurs des brochures anticléricales129.
Il félicite le très anticlérical président du conseilÉmile Combesd\'avoir eu«le courage d\'appliquer»les dispositions concernant lescongrégationsde laloi sur les associationsdu1erjuillet1901130. Avec le soutien de l\'Association des bleus de Bretagne, il a appelé le gouvernement à réprimer l\'agitation cléricale desBas-Bretonsopposés à l\'expulsion des congrégations131. Ce libéral anticlérical dénie au clergé et aux cléricaux l\'utilisation de l\'argument de la liberté de l\'enseignement qu\'ils mettent en avant face aux républicains132.
L\'opposant à la préfecture de police et à la police des mœurs
Il participe comme tel à la campagne des républicains parisiens contre lapréfecture de police de Paris. Tout d\'abord contre lapolice des mœurs, chargée de laréglementationde laprostitutionen France, dont il dénonce l\'arbitraire et les méthodes dans un article du quotidienLes Droits de l\'hommeennovembre 1876, ce qui lui vaut six mois d\'emprisonnement et 3000francs d\'amende133et provoque la disparition desDroits de l\'homme. Il mène ses attaques au conseil municipal134. Ainsi que dans des meetings135. Il rencontre l\'abolitionniste britanniqueJosephine Butler, à la tête d\'uneFédération abolitionniste internationalequi paye son amende96, et partage son combat, même si des divergences de fond les opposent136. Il ne se situe pas en effet sur le terrain de la morale, mais sur celui des droits. Il mène en effet ses attaques au nom de la légalité137, de la liberté individuelle, de l\'égalité devant la loi, de l\'égalité entre hommes et femmes, des grands principes de 1789 et de laDéclaration des droits de l\'homme et du citoyen de 1789, et contre la prétention de l\'État de règlementer la prostitution. Guyot est alors en matière de prostitution un abolitionniste libéral, hostile aux maisons de tolérance138. Guyot est désigné en 1877 vice-président d\'une association britannique que Josephine Butler a contribué à fonder, laPersonal Rights Association(en)139.
Après avoir purgé sa peine de prison à laprison Sainte-Pélagie140à partir d\'avril 1877, Guyot lance une nouvelle campagne contre la préfecture de police à partir d\'octobre 1878 dans les colonnes deLa Lanterne, dans des articles anonymes ou signés le«vieux petit employé»141. Il fustige une nouvelle fois la police des mœurs142, s\'en prend à l\'incompétence des policiers, à leurs méthodes violentes, dénonce des malversations, et sur un terrain plus politique, la présence debonapartistesparmi les hauts dirigeants de la préfecture. Ce qui aboutit enjanvier 1879à un procès visant le journal. Ainsi qu\'au départ de chefs de service de la préfecture, et à la démission du préfet de policeAlbert Gigotet du ministre de l\'intérieurÉmile de Marcère143. Mais ces«changements de personnel ne suffisent pas: ce sont les institutions qu\'il faut détruire»selon Guyot, qui appelle à démolir cette«Bastille moderne»qu\'est la préfecture de police144. Ses attaques contre la police des mœurs participeront à la dissolution de celle-ci en 1881145. Elle survit toutefois sous une autre forme.
Sa dénonciation de la toute-puissance de la préfecture de police s\'inscrit dans les débats sur l\'organisation municipale de Paris. Guyot, aux côtés de Sigismond Lacroix et d\'Henry Maret, a fait partie d\'une commission du conseil municipal sur cette question, qui a débouché sur un projet d\'autonomie communale voté ennovembre 1881. Il consacre à cette question une brochure publiée en 1883,L\'organisation municipale de Paris et de Londres, présent et avenir.
Il a continué son combat contre la police des mœurs, toujours au nom de la liberté. Combat élargi au féminisme. C\'est que ce libéral est aussi féministe146, ami deMaria Deraismes, membre de la Ligue française pour le droit des femmes147. Fondée en 1887, l\'éphémère Association pour la défense des droits individuels qu\'il préside et dont sont membres des députés commeHenry MaretouFernand Faureaux côtés de femmes commeÉmilie de Morsiersoutient dans son programme que«la femme doit posséder les mêmes droits que l\'homme, et la femme mariée les mêmes droits que son mari», que«les règlements de police qui violent la liberté des femmes doivent disparaître, comme entachés d\'injustice et d\'immoralité»et enfin que«les femmes doivent être acheminées peu à peu vers les droits politiques»148. En 1887, il est l\'auteur d\'une timide proposition de loi — repoussée sans débat — pour admettre les femmes à l\'état-civil ou à l\'électorat aux prud\'hommes149.
Il préside la branche française de laFédération abolitionniste internationale150et préside des meetings151. Il évoque encore dansLe Sièclela question de la prostitution et de la police des mœurs152. Il y oppose les abolitionnistes aux réglementaristes153.
S\'il a soutenu le gouvernement de défense républicaine dePierre Waldeck-Rousseau, il a déploré son appui donné à la police des mœurs154. Son souhait de participer à la commission extraparlementaire dite du régime des mœurs est exaucé par le président du conseilÉmile Combes. Il y travaille de 1903 à 1907 aux côtés de trois autres membres de la Fédération abolitionniste, dont son ami le docteur Louis Fiaux et la féministeAvril de Sainte-Croix, secrétaire générale de la branche française de la Fédération, qui a collaboré auSièclesous le pseudonyme de Savioz155.«Au bout de 31 ans, (il) a la satisfaction de voir une commission officielle adopter les principes qu\'(il) n\'a cessé de soutenir»156. En 1904, il saisit le comité central de laligue des droits de l\'hommeà propos de rafles policières nocturnes, pour dénoncer leur illégalité157. En 1910, il accepte de témoigner au procès deGustave Hervé— alors que ce dernier est un agitateur socialiste révolutionnaire et le directeur deLa Guerre sociale— contre la police des mœurs, qu\'il juge toujours«abominable»158.
À la veille de la Première Guerre mondiale, il est élu à l\'unanimité pour remplacer James Stewart, décédé, à la présidence de la Fédération abolitionniste internationale159. La guerre a prolongé son mandat de trois ans; il quitte la présidence en 1920160.
L\'opposant à l\'internement abusif des fous et à la colonisation[modifier|modifier le code]
À partir du printemps, et surtout d\'octobre 1879, il passe de la défense des prostituées à celle des fous: il commence une autre campagne de presse, avec la publication de ses«Lettres de l\'infirmier»dansLa Lanterne, contre lesasiles d\'aliénés, contre les pratiques arbitraires d\'arrestation et les internements abusifs des fous. Elle eut moins de retentissement que la campagne précédente qui lui a apporté une notoriété certaine161,162.
En 1884, il fait paraître dansLa Lanternedes lettres hostiles aux conquêtes coloniales, publiées en volume l\'année suivante sous le titreLettres sur la politique coloniale163,164. Un adversaire, Andrieux, souligne en 1889 qu\'il est devenu ministre d\'une République qui a conquis un empire colonial165. C\'est que Guyot estime qu\'un État ne devrait pas conquérir des colonies mais qu\'il n\'est pas dans son intérêt de s\'en défaire une fois qu\'elles sont conquises166.
Guyot, Dreyfus et Zola[modifier|modifier le code]
Ce libéral légaliste, attaché aux droits individuels, s\'est engagé en faveur du capitaineDreyfus167, ce qui lui fait manquer de peu d\'être incarcéré. Il affirme dansLe Siècleen 1894 que le jury du conseil de guerre ayant condamné Dreyfus est«une institution barbare»168. Il se flatte par la suite d\'avoir dirigé le seul journal parisien ayant émis des réserves sur le verdict dès 1894169. Il s\'indigne à la fois de la campagne antisémite et des anomalies du procès dans saloge maçonniqueLe Matérialisme scientifique170. Il critique et rejette l\'antisémitisme171- il rend les jésuites responsables de cet antisémitisme172-, dénonce la campagne de presse haineuse d\'unÉdouard Drumontou d\'unHenri Rochefort173, voit d\'un bon œil les démarches d\'unAuguste Scheurer-Kestner174, nourrit des doutes sur la culpabilité de Dreyfus puis se dit convaincu de son innocence à partir de la fin de l\'année 1897, ce qui l\'amène à publier l\'acte d\'accusation du capitaine enjanvier 1898, pour mettre en valeur ses«accumulations d\'affirmations d\'un monstrueux grotesque»175.
Guyot proclame l\'innocence de Dreyfus dans son journal le9 janvier 1898, et écrit que«l\'affaire est un crime judiciaire dont ne se relèvera jamais la justice militaire si les chefs de l\'armée persistent à vouloir le couvrir»176. Il a commencé sa campagne en faveur de Dreyfus une semaine avant le célèbre«J\'accuse…!»de Zola177. S\'il mentionne peu l\'écrivain à la suite de ce dernier article, Guyot finit par louer l\'engagement d\'Émile Zola, qu\'il connaît depuis les années duBien public178. Guyot témoigne à son procès. Il est assailli sur les marches du palais de justice par une petite bande de nationalistes emmenés parJules Guérin179. En mars 1899, un comité présidé par Guyot se met en place pour remettre à Zola une médaille en rappel de son action en faveur de Dreyfus. La médaille lui est remise en 1900180. En 1902, il fait partie d\'un comité chargé de choisir le sculpteur d\'un futur monument à Zola181.
Il va trouver des hommes politiques libéraux pour les persuader de s\'engager en faveur de Dreyfus, tel le président du conseilJules Méline, qui refuse de le recevoir182. Il dénonce alors leur pusillanimité183et polémique avec le président de l\'Association nationale républicaine,Honoré Audiffred184. Le combat pour Dreyfus vient s\'ajouter à ce qu\'il reproche aux économistes protectionnistes et à Méline185.
Le Siècledevient le«moniteur du dreyfusisme»186, Guyot publie des appels, tels son«Appel aux républicains libéraux»du17 janvier 1898187, ou bien un«Appel aux Français»et un«Appel aux femmes de France»188. Il publie des lettres ouvertes à des ministres189, et des articles de partisans de l\'innocence du capitaine commeJoseph Reinach. Il a voulu avant tout convaincre ses lecteurs et leur a proposé des documents-clés de l\'affaire ainsi que les témoignages les plus sûrs190. Comme Guyot en a pris l\'habitude, les articles sont ensuite publiés sous forme de brochures. Le conseil d\'administration du journal, appuyant l\'action de Guyot, a beaucoup dépensé en faveur du capitaine Dreyfus191. Des envois gratuits et des suppléments ont été adressés aux abonnés. Enseptembre 1898,Le Sièclefait état d\'une«ère de prospérité nouvelle: le nombre de ses abonnés et lecteurs a quintuplé, et le tirage a augmenté dans des proportions considérables». Une nouvelle société est alors mise en place, présidée comme l\'ancienne par le manufacturier parisien Léon Tharel; elle lance une souscription publique pour compléter son capital. Alors qu\'elle demandait 260000 francs, elle en aurait reçu 450000; elle décide alors de faire passer son capital à un million de francs192, puis à 2 millions en 1900193.
Il a aussi publié des articles en faveur de Dreyfus dans des périodiques britanniques194, et il a évoqué l\'affaire à Bruxelles auprès de libéraux belges195.
Les suites de l\'Affaire[modifier|modifier le code]
Il participe aux discussions qui débouchent sur la formation de laLigue des droits de l\'hommeen 1898196et intègre son comité central197. Il y côtoie deux administrateurs de la société duSiècle, les frères Henri et Lucien Fontaine, industriels et négociants parisiens198. C\'est qu\'il souhaite depuis longtemps la formation en France d\'une association qui aurait défendu les droits individuels comme le fait au Royaume-Uni laPersonal Rights Association(en)dont il est l\'un des vice-présidents depuis 1877199. Lors du25eanniversaire de cette société en 1896, il est ainsi revenu sur l\'échec de son Association pour la défense des droits individuels:
«Malheureusement, nous n\'avons aucune société faisant œuvre semblable à la vôtre. Il y a une dizaine d\'années, quelques amis et moi, nous avons essayé d\'en fonder une, sur le modèle et avec le titre de la vôtre. Nous sommes restés si isolés que l\'association est morte de langueur. Et c\'est en France que les droits individuels auraient besoin d\'avoir de vigoureux défenseurs200,201.»
L\'association britannique remercie Guyot pour son action en faveur de Dreyfus enfévrier 1898202. Il déplore que la ligue a obéi à un préjugé, compréhensible en pleine affaire Dreyfus, en n\'acceptant comme membres que des Français, alors que les Britanniques n\'ont pas eu cette«étroitesse d\'esprit»en fondant la Personal rights Association en 1871203. Outre Guyot, plusieurs autres membres du comité central de la Ligue ont fait partie du comité de pétitionnement formé en 1899 pour appuyer la pétition duSiècledemandant l\'expulsion des jésuites204:Émile Duclaux, vice-président de la Ligue,Arthur Giry, Henri Fontaine, les docteurs Gley, Héricourt, Langlois,Paul Recluset Hervé. Il comprend également Dombasle205, rédacteur auSiècledepuis 1890. Plusieurs membres du comité central de la Ligue collaborent auSiècle: Giry, Duclaux, Hervé, Reclus ouFerdinand Buisson206.
S\'il rend hommage à l\'engagement deJean Jaurèsen faveur de Dreyfus, il polémique avecArthur Rancau sujet de laconcentration républicaine- l\'expression désigne avant 1914 la conjonction des républicains, donc des gauches, lors des élections - car il refuse toujours en 1897-1898 de voter pour un socialiste, même face à un candidat de droite207. Mais les républicains libéraux se divisent et Guyot en vient à considérer que le danger n\'est plus la«tyrannie socialiste», mais la«réaction cléricale»208. Il approuve contreJules Méline— qu\'il fustige — et ses amisprogressisTesla Referral formation dugouvernement Pierre Waldeck-Rousseauen 1899209. Comme un socialiste,Alexandre Millerand, entre pour la première fois dans un gouvernement, Guyot note:«Certains républicains, dits progressistes […] pousseront des cris de vierge effarouchée, en voyant M. Millerand dans le cabinet. Je les avais prévenus en janvier 1898. Ils ont eu la lâcheté de laisser prendre par des socialistes le rôle qui leur incombait»210. Tandis qu\'Arthur Ranc se met à collaborer auSiècle, Guyot se désole par la suite de voir la Chambre divisée en deux groupes,«l\'un, celui de défense républicaine, qui n\'existe qu\'à la condition de s\'appuyer sur les socialistes; l\'autre, celui du cléricalisme, qui n\'existe qu\'à la condition de s\'appuyer sur les pires ennemis de la République». De voir les grands propriétaires et les industriels appuyerJules Mélineet le second groupe, convaincus que«le cléricalisme est leur meilleur appui contre le socialisme»211.
Devant la vague nationaliste auxélections municipalesà Paris en 1900 et face à ce qu\'il perçoit comme une offensive cléricale, il se résout à appeler à voter pour quelques socialistes et à pratiquer la«concentration républicaine»face à la«concentration antirépublicaine»212. C\'est qu\'il affirme avoir toujours considéré que«le cléricalisme était pire que le socialisme»213. En 1901, il déclare encore devant les francs-maçons duGrand Orientque«le socialisme est moins dangereux que le cléricalisme»car le premier«représente une grande part d\'illusions»alors que le second«représente des réalités très tangibles»77. Cette année-là,Le Sièclefait campagne contre l\'agitateur antisémiteMax Régis, candidat à Paris à une élection législative partielle, et appelle à voter au second tour contre son rival, le socialisteJean Allemane, ancien dreyfusard214. Lors desélections législatives de 1902, Guyot cosigne pour le second tour un appel de laLigue des droits de l\'hommeà voter pour les candidats républicains contre les nationalistes215. Il attaque Méline qui dénonce la collusion entre les républicains ministériels et les socialistes, du fait de la présence de Millerand au gouvernement:«À qui la faute si le ministère Waldeck-Rousseau n\'a pu se fonder qu\'avec l\'appui des collectivistes […] Le collectivisme, c\'est un péril lointain, le cléricalisme, c\'est le péril actuel […]. Fallait-il donc sacrifier la République à la crainte du collectivisme plus ou moins chimérique […]216?».
Méline, en outre, est mal placé à ses yeux pour critiquer le socialisme du fait de ses convictions protectionnistes; commeFrédéric Bastiat, Guyot estime que le protectionnisme est le«socialisme des riches». Il met en garde les bourgeois qui suivent Méline et lesnationalistespar crainte du socialisme:«S\'ils le font, ils commettent la plus insigne maladresse, car comment ne s\'aperçoivent-ils pas qui s\'ils ne restent pas avec ceux qui veulent cette République démocratique, libérale et laïque, ils assureront la prédominance des socialistes»217.
L\'engagement duSièclea fini par entraîner des«boycottages de toutes sortes», 3000désabonnements et la diminution des recettes publicitaires30. Le journal traverse des difficultés financières en 1900-1901, aggravées par les ambitions de ses actionnaires: ils ont voulu attirer davantage de lecteurs en baissant le prix de vente du journal et en augmentant le nombre de pages218. Cela provoque la dissolution anticipée de la société possédant le quotidien enmars 1901, ce qui réjouitLa CroixouL\'Intransigeant219. Le journal est mis en vente et racheté. Avec l\'appui de nouveaux actionnaires et une souscription publique, une nouvelle société est constituée. Elle est administrée par deux anciens administrateurs (Michon et Hamet), par l\'ancien administrateur-directeur administratif, Armand Massip, et par des nouveaux comme Jules Fleury. Guyot, qui souligne que le journal a perdu la majeure partie des abonnés et des lecteurs apportés par l\'affaire Dreyfus, reconnaît sa part de responsabilité dans la nécessité de la mise en vente du journal220.
Guyot etLe Siècleont polémiqué avec un autre journal dreyfusard, mais situé plus à gauche,L\'Aurored\'Ernest Vaughan,Francis de Pressensé, membres du comité de la Ligue des droits de l\'homme, ouUrbain Gohier.Le Siècleattaque l\'antimilitarisme de Gohier, Guyot met en doute les convictions laïques de Pressensé221.
L\'Auroredénonce les prises de position anglophiles de Guyot lors de laguerre des Boers222.Le Sièclea en effet été le seul quotidien à défendre les Britanniques, contre la propagande des Boers et contre les journaux anglophobes, même si un collaborateur duSièclecomme Joseph Reinach s\'est désolidarisé des prises de position du journal, ce qui étonna Guyot223. Ce dernier a critiqué courtoisement une prise de position du bureau de la Ligue des droits de l\'homme favorable aux Boers224. Il dresse un parallèle entre l\'affaire Dreyfus et la guerre des Boers, notant ainsi:
«Je vois avec une vive satisfaction que des personnes qui ne voulaient rien entendre au sujet de la question duTransvaal[…] commencent à se demander si elles n\'ont point commis une erreur semblable à celle qu\'avait commise tant de personnes au sujet de Dreyfus […] Je retrouve […] les procédés que (des journaux) ont employé dans l\'affaire Dreyfus. Mais, chose curieuse! Un certain nombre de personnes, qu\'ils exaspéraient alors, les trouvent tout naturels, et elles ne sont pas étonnées de marcher main dans la main avecÉdouard Drumont,Henri Rochefort,Ernest JudetouArthur Meyer. La question les lie à une politique nationaliste qui aboutirait […] à une bonne guerre avec l\'Angleterre225.»
Le polémisteUrbain Gohiermet aussi en cause sa probité:
«Ministre des travaux publics, l\'ancien petit employé de la préfecture de police tirait du budget 500 francs par jour, outre ses gages, pour des inaugurations fantastiques. Journaliste, il est aux ordres de toutes les faiseurs de grosses affaires. Il a mis sa feuille à l\'encan dans les journaux de Londres [Le Siècles\'est en effet adressé aux Britanniques pour trouver des soutiens financiers226] et soutiré l\'argent des Anglais pour insulter les Boers. Dans l\'affaire Dreyfus, il a extorqué le plus de subsides possibles des gens qui avaient le malheur d\'être défendu par lui. Mêmes les souscriptions publiques n\'étaient pas à l\'abri de son audace, et la Ligue des droits de l\'homme a dû le menacer d\'un scandale pour lui faire restituer les fonds qu\'il essayait d\'escroquer227.»
Gohier démissionne deL\'Auroreen 1902; Vaughan, son directeur, déplorant alors ses campagnes violentes et haineuses228.
Guyot finit par démissionner de la ligue des droits de l\'homme le28 octobre 1908229, comme d\'autres républicains modérés marginalisés, après avoir reçu un blâme infligé après les élections législatives de 1906 — on lui reproche de ne pas avoir respecté la discipline républicaine au second tour, ce qu\'il nie — et s\'être heurté à son deuxième président, le socialisteFrancis de Pressensé230,231.
Le militant de la représentation proportionnelle[modifier|modifier le code]
Guyot publie plusieurs articles dansLe Sièclesur les avantages de lareprésentation proportionnelle. C\'est qu\'il veut«détruire (la) préoccupation des députés d\'arrondissement qui ne pensent qu\'à obtenir des privilèges ou des faveurs pour leur circonscription»et«constituer des partis fondés sur des opinions, […] nettement distincts, ayant pour but la poursuite d\'intérêts généraux»232. Il tient des conférences en Belgique en 1899 et 1900 et se renseigne sur la R-P mise en place dans ce pays233.
Il est favorable ausystème d\'Hondtpour établir les sièges, car cette méthode«a le grand avantage d\'unir le scrutin de liste et le scrutin uninominal: l\'électeur n\'est pas enchaîné à la liste, il peut la panacher»234. Guyot tient ennovembre 1901une conférence auGrand Orient de Franceen présence du BelgeLouis Strauset d\'Adolphe Carnot. Il y fait le procès duscrutin d\'arrondissement, expose le système belge et appelle à la formation d\'une ligue pour défendre ce système électoral, qu\'il simplifie235.
Une Ligue pour la représentation proportionnelle, qu\'il préside, est alors fondée le mois suivant236. Font partie de son comité de direction des personnalités commeMarie-Adolphe Carnot, président de l\'Alliance républicaine démocratique, le sénateurÉmile Deschanel,Georges Picot, le docteur Georges Hervé, ancien président de la Société d\'anthropologie membre du comité central de la Ligue des droits de l\'homme, qui a collaboré auSiècle, et plusieurs membres de laSociété d\'économie politique: outre Guyot, Emmanuel Vidal, Jules Fleury, son secrétaire perpétuel — et par ailleurs administrateur duSiècle—,Frédéric Passy, son président,Anatole Leroy-Beaulieu, Emile Macquart237, rédacteur auJournal des économisteset auSiècle(il y écrit nombre d\'articles sur la R-P), secrétaire général de la Ligue. Une proposition de loi du députéLouis Millenjuin 1903est issue des travaux de la Ligue, mais elle n\'est pas adoptée238.
Guyot évoque encore, par la suite, la question de la R-P dans la presse239. Sa Ligue s\'associe à l\'action menée par d\'autres organisations qui mènent le même combat, la Ligue radicale et radicale-socialiste de la R-P et le Comité républicain de la R-P240.
Le militant du libéralisme économique et du libre-échange[modifier|modifier le code]
Cet économiste libéral fait partie de la deuxième génération des publicistes de l\'École libérale française(appelée aussi l\'École de Paris), celle née sous la Restauration ou la monarchie de Juillet. Il n\'a apporté aucune innovation théorique. Il ne s\'est pas cantonné aux principes. Au contraire, il s\'est engagé dans les débats les plus pratiques et a polémiqué avec ses adversaires socialistes et protectionnistes241.
L\'opposition aux socialismes[modifier|modifier le code]
Dans les années 1870, Guyot a collaboré à des journaux radicaux et sociaux, attentifs à la question ouvrière242. Mais il est devenu un opposant intransigeant à l\'étatisme et aux socialismes. Il critique ainsiLouis Blancen 1872 dansLe Radical243et s\'oppose au sein du conseil municipal au«socialisme municipal»et en 1884 à une proposition de subvention financière à des grévistes, ce que ses adversaires politiques lui reprochèrent244. À la Chambre des députés, il réitère en 1889 son opposition à ce que des secours financiers soient versés par l\'État aux victimes des grèves245. Il combat alors ce qu\'il appelle le«socialisme d\'État»246, c\'est-à-dire l\'intervention de l\'État.
À partir des années 1890, son combat contre le socialisme et les socialistes, dans la presse et dans nombre de brochures et de pamphlets, se fait plus virulent247, dans un contexte d\'agitation syndicale et anarchiste, marqué par l\'assassinat en 1894 du président de la RépubliqueSadi Carnot.
D\'un tempérament combatif, il attaque avec férocité - qui le lui rendent bien- les théoriciens du socialisme français comme l\'ancien communardBenoît Malon, ses leaders, commeJean Jaurès248,Alexandre Millerand249, bourgeois, ambitieux et politicien, ouJules Guesde, qu\'il a connu jusqu\'à leur rupture en 1876; ce dernier a été le correspondant duBien publicà Rome et Guyot lui est venu financièrement en aide250. Il entend dénoncer les«charlatans du socialisme»qui n\'ont selon lui«pour idéal que la rapine et la tyrannie», le programme socialiste,«ses équivoques, ses grossiers mensonges, ses subtilités hypocrites, tous ses procédés perfides et violents»251. Il dénonce les«lâches complaisances»à l\'égard des«crimes anarchistes»252, récuse toute compromission avec les socialistes, convaincu que«tous ceux qui font des concessions aux socialistes s\'affaiblissent à leur profit»:«Il n\'y a pas à transiger avec les sophismes socialistes; il faut en montrer l\'erreur et les conséquences», qui mènent à la révolution et à la«guerre sociale»253. D\'où des remarques sévères sur les radicaux-socialistes - il accuse les radicaux de«n\'avoir qu\'une préoccupation»depuis 1893, date de son échec électoral:«se faire prendre par leurs électeurs pour des socialistes»254- , sur la politique et les programmes d\'unGeorges Clemenceau255et sur«les bourgeois imbus d\'étatisme et de paternalisme qui ( veulent ) donner des satisfactions aux ouvriers, ( qui ) répètent qu\'il faut faire quelque chose ( pour essayer ) d\'empêcher la révolution sociale, avec de petites mesures de police, ( pour ) la détourner avec de petites déviations»256.
L\'une de ses bêtes noires était aussi le député catholiqueAlbert de Mun, à qui il reprochait ses convictions politiques et son antilibéralisme, son«socialisme chrétien». Guyot accuse ses partisans d\'être«des collaborateurs et des auxiliaires du socialisme révolutionnaire»257. Le comte de Mun a dénoncé le libéralisme de Guyot à la Chambre des députés en 1888 lors du débat sur une loi limitant les heures de travail des mineurs et des femmes258.
S\'il nie en 1892 avoir accepté d\'adhérer à une Alliance antisocialiste mort-née259, cet ancien radical devenu«républicain de gouvernement»prend part en 1896 au banquet des républicains modérés de l\'Union libérale républicaine260, au grand dam des radicaux261, et appelle tous les républicains«qui considèrent que l\'avènement du socialisme serait la ruine de la France»à se rassembler, autour«des principes de 89»262. L\'intransigeance de Guyot à l\'égard des socialistes s\'est assouplie durant l\'affaire Dreyfus, même siLe Sièclea continué à les critiquer263.
Ce membre de l\'Association de la libre penséeen démissionne en 1905, refusant le soutien apporté à un anarchiste suspecté d\'avoir posé une bombe264. Il dénonce encore le socialisme marxiste, mais aussi le socialisme réformiste,«le plus dangereux car il pénètre dans la législation et dans les pratiques administratives»ainsi que le syndicalisme révolutionnaire et«sa politique de violence, résultat de la faiblesse gouvernementale»265, alors que laConfédération générale du travailest marquée par l\'anarcho-syndicalismeet que le gouvernement deGeorges Clemenceaua été confronté à d\'importantes grèves.
Après la Première Guerre mondiale, il est vent debout contre l\'agitation sociale des années 1919-1920, qui lui semble annoncer la«tyrannie socialiste»qu\'il redoutait dans les années 1890, et contre la faiblesse des gouvernements266. Il est évidemment anticommuniste267, hostile aux«faiblesses»à l\'égard dubolchevisme. Désireux de«défendre la société occidentale», il estime que«les paroles ( des gouvernements ) ne suffisant pas; des actes sont nécessaires»268. Contre le«fléau bolcheviste», il affirme en 1924, pour dénoncer l\'inaction du gouvernement ducartel des gauches:«Il n\'est pas besoin de fascistes, ni de Mussolinis ( sic ), il faut seulement des hommes commePierre TirardetErnest Constans, avec quatre ou cinq collègues, résolus à frapper à la tête [ allusion au gouvernement Tirard dont Guyot fut membre en 1889, constitué pour combattre le boulangisme ]. Ils seront suivis et obéis»269. Il recommande la lecture de la petite revue anticommuniste deGustave Gautherot,La Vague rouge270.
L\'une des formules fétiches de ce républicain individualiste était:«le progrès politique est en raison inverse de l\'action coercitive de l\'homme»271. C\'est pourquoi il s\'opposa si fortement aux socialismes.
Le libéral libre-échangiste, individualiste et antiétatiste[modifier|modifier le code]
C\'est qu\'il est surtout un ardent et acerbe défenseur dulibre-échange, des libertés individuelles et dulibéralisme économiqueorthodoxe.
Selon Guyot, les libertés politiques et économiques sont inséparables. Ainsi, en 1881, son programme électoral mentionne les libertés de conscience, d\'association, de réunion et de presse et exige«la ratification libérale des traités de commerce assurant, dans un avenir déterminé, le libre-échange absolu»et la nécessité de déterminer«rigoureusement les attributions de l\'État, de manière à diminuer les frais généraux de la nation et à assurer à l\'initiative privée son maximum de puissance»272. Guyot a présidé une Association pour la défense des droits individuels fondée en 1887273. Son programme défend aussi bien la liberté de conscience,«qui doit exister pour tous par la séparation complète des Églises et de l\'Etat», que la liberté du travail ou la liberté des échanges. Il est surtout vigoureusement antiétatiste: il affirme que«le progrès consiste à éliminer de plus en plus les fonctions remplies par l\'État aux frais des contribuables et à leur substituer l\'action des individus et des associations privées», que«l\'État doit être avant tout un producteur de sécurité , que son rôle consiste essentiellement à enregistrer et à faire exécuter les contrats»274.
L\'atteste aussi le manifeste duSiècleparu en 1893: Guyot veut en faire un journal«fidèle à son passé démocratique et libéral, partisan des traditions de la Révolution française qui […] a eu pour but d\'assurer à tous la liberté politique, la liberté individuelle, la liberté du travail, la sécurité des personnes et des propriétés, l\'égalité devant la loi, […]», favorable«aux principes mutualistes», […] adversaire de l\'impôt sur le revenu et de«la mainmise de l\'État sur la vie économique de la nation», ainsi que de«la tyrannie socialiste, (du ) collectivisme, (de) la guerre sociale et (de) l\'internationalisme révolutionnaire»275.
Certains amis républicains de Guyot lui reprochèrent dans les années 1880 ses prises de position en faveur de la doctrine libérale dulaissez-faire, jugeant qu\'il interprète«la sciencedarwiniennede rude façon»dans l\'ordre social276. Ses anciens amisSigismond LacroixetHenry Maretcritiquent son intransigeance dans les années 1890277. Lui critique alors les prises de position de Maret qu\'il juge trop favorables au socialisme278.
Défendre ses convictions libérales et libre-échangistes[modifier|modifier le code]
Il a défendu ses convictions au conseil municipal de Paris; il y a préconisé l\'abolition desoctroismunicipaux et fait voter contre le protectionnistePaul Léon Aclocqueun vœu en 1884 demandant notamment la suppression graduelle des droits de douane279. Il les a aussi défendues à la Chambre des députés. Ainsi, il fait partie enfévrier 1886des fondateurs du groupe parlementaire des libertés économiques avec des députés commeFrédéric Passy,François LalandeouFernand Faure. Ils appellent à«s\'opposer à toute élévation des tarifs douaniers actuellement en vigueur»et s\'engagent à«travailler à faire pénétrer dans nos lois les principes économiques libéraux»280.
Il les a enfin défendues dans la presse et dans des brochures, souvent issues de ses articles, lors de conférences, à Paris, en province281et à l\'étranger, notamment au Royaume-Uni et en Belgique, où un parti libéral existe et est organisé282, ainsi qu\'aux Pays-Bas283ou en Italie284. Il les défend aussi lors de congrès internationaux; il s\'y oppose aux côtés d\'autres libéraux aux protectionnistes et aux partisans des interventions de l\'État. Tels en 1894 le congrès sur la législation douanière et la réglementation du travail à Anvers285, le congrès sur les accidents du travail à Milan286, le congrès agricole de Budapest en 1896287, le congrès de législation du travail à Bruxelles en 1897288, le congrès du commerce et de l\'industrie en 1902 àOstende289. Il a pris part aux congrès internationaux du libre-échange, à Londres en 1908, à Anvers en 1910290. Il participe en 1910 à un congrès des publicistes francophones à Bruxelles. Lors de la première séance qu\'il préside, il s\'oppose au nom de la liberté de la presse à un vœu qui propose de réprimer par la voie législative les abus des journaux consistant à grossir les crimes et les délits291.
Anglophile292, Guyot est membre français honoraire duCobden Club(en)dès 1879 (du nom du militant britannique du libre-échangeRichard Cobden); il participe et prend la parole aux banquets annuels de ce club londonien293. Il prend part au congrès du libre-échange organisé par ce club à Londres en 1908294. Il a pu s\'exprimer dans d\'autres lieux fréquentés par les sociabilités libérales britanniques, tel leNational Liberal Club(en), lors de dîners de sonPolitical economy circle295. Ou bien le club macchabéen de Londres296. Il est l\'ami de libéraux britanniques, tel le secrétaire général de laPersonal Rights Association(en), et secrétaire général honoraire du Political economy circle,J.H. Levy(en)297. Ce dernier a préfacé l\'édition anglaise du livreLa tyrannie socialistede Guyot - non sans critiques298- et publié des«Lettres de Londres»dansLe Siècleà partir de la fin de l\'année 1898299. Une polémique courtoise a opposé le Cobden club et Levy à Guyot à propos de primes sur les sucres300. En 1901, un banquet est offert à Guyot àÉdimbourg301. L\'année suivante, il est invité au grand dîner de l\'Encyclopædia Britannicaà Londres302. En 1904, le National liberal club donne un banquet en l\'honneur de Guyot et deJoseph Caillauxpour fêter l\'Entente cordiale303.
En France, il est membre à partir de 1876 de laSociété de statistique de Paris, qu\'il préside en 1896304. Cette société célèbre en 1926 le cinquantenaire de son entrée305. Il a été un membre actif, avec plus de 30 communications entre 1894 et 1926.
Il est l\'un des principaux animateurs d\'une Ligue permanente pour la défense des intérêts des contribuables et des consommateurs, lancée enfévrier 1879parÉmile-Justin Menieravec lequel il partage le souhait de voir aboutir un projet d\'impôt unique et minime (taxe de un pour mille), levé sur le capital fixe, réel (c\'est-à-dire prélevé sur une chose, et non sur une personne) et proportionnel et non personnel et progressif306,307. D\'aucuns présentent Guyot comme l\'auteur des ouvrages de Menier consacré à cet impôt308. Guyot est le secrétaire général de cette ligue, dont les autres dirigeants sont notamment Menier (vice-président puis président d\'honneur à son décès en 1881), les députés républicainsPascal Duprat, son premier président,Jean David, (vice-président puis deuxième président en 1881),Daniel Wilson(vice-président) etSeveriano de Heredia(vice-président en 1881), le futur députéFrédéric Passy(vice-président en 1879), le négociant parisien Léon Hiélard309, président de l\'Union nationale du commerce et de l\'industrie (vice-président), l\'avocat parisien Alfred Droz310, secrétaire,Gaston Menier, secrétaire puis vice-président, le publiciste Auguste Desmoulins311, secrétaire, conseiller municipal radical de Paris à partir de 1881312. Guyot donne à travers la France et à Paris de nombreuses conférences pour cette ligue, pour vanter les avantages des traités de commerce et préconiser la suppression des octrois municipaux313. Il publie une brochure,Dialogue entre John Bull et George Dandin, à propos du traité de commerce franco-anglais314. Comme d\'autres dirigeants de la ligue (Hiélard, Duprat, Wilson, Desmoulins), Guyot fait alors partie du comité français pour le traité de commerce franco-américain, initié par Menier en 1878315. En 1881, au nom de la ligue, Guyot et David, son président, adressent aux électeurs un manifeste qui les appelle à réagir au«socialisme d\'État»:
«Loin de pousser leurs représentants à fortifier le pouvoir directeur de l\'État […], ils doivent comprendre que l\'État ne doit pas chercher à tout faire, mais à bien faire ce qui constitue sa mission indiscutable: assurer la sécurité intérieure et extérieure, la liberté de la circulation, la liberté du travail, l\'exécution des contrats par une justice sûre, rapide et la moins onéreuse possible.»
Le programme de la ligue est dès lors la suppression des octrois, la transformation de l\'impôt foncier en impôt de quotité, la ratification libérale des traités de commerce,«assurant dans un avenir déterminé le libre-échange absolu», la réduction de la dette, la«détermination rigoureuse des attributions de l\'État, de manière à diminuer les frais généraux de la nation et à assurer son maximum de puissance à l\'initiative privée»316.
Cette ligue fédère des partisans d’une diminution des droits indirects sur la consommation et des droits de douane que l\'on retrouve pour certains (Menier, Passy, qui la préside, Duprat, Droz, Wilson) à laSociété d\'économie politique(SEP), un bastion du libéralisme économique orthodoxe. À partir dedécembre 1881, Guyot devient un membre assidu et actif de cette société savante libérale et libre-échangiste.
Guyot continue à militer à la ligue lorsqu\'il devient député, et à donner des conférences317. A la Chambre, il reprend les propositions de Menier sur la suppression des octrois et sur l\'impôt sur le capital318, sans succès. Il préside la ligue jusqu\'enavril 1887, aux côtés de Desmoulins - qui se retire en 1887. Le bureau de la ligue a été renouvelé et Guyot est le seul parlementaire à y siéger. De rares députés participent cependant aux travaux de la ligue, telsFernand Faure, gendre de Léon Donnat,Étienne BoullayouGeorges Brialou319. Guyot en est encore le secrétaire général lorsqu\'il est nommé ministre en 1889320. Cette ligue est présidée depuis 1887 par son ami Léon Donnat, autre militant à la fois radical et libéral, membre de la SEP depuis 1887321, conseiller municipal de Paris. Donnat a été le secrétaire général de l\'Association pour la défense des droits individuels présidée par Guyot. Parallèlement, Guyot est membre de l\'Association pour la défense de la liberté commerciale, présidée parLéon Say, par ailleurs co-président de laSociété d\'économie politique322.
À l\'initiative de son Association pour la défense des droits individuels, des ouvrières des Vosges viennent à Paris en 1889 pour témoigner de leur volonté de travailler la nuit devant une commission de la Chambre des députés, à l\'occasion d\'un débat sur une loi limitant les heures de travail des mineurs et des femmes. À la Chambre des députés, Guyot combat au nom notamment de la liberté du travail la proposition de la commission interdisant ce travail de nuit pour les femmes. Il est convaincu que«ceux qui veulent protéger (la femme, qui est une adulte) n\'arrivent qu\'à l\'opprimer», que«les lois d\'hygiène et de protection sociales se manifestent par de la police, par des surveillances, des inspections, des inquisitions qui provoquent une réaction de mécontentements légitimes»et que«la mission de protection du faible contre le fort […] n\'est pas le rôle ni l\'attribution de l\'État dans un gouvernement libre»323.
Il continue à collaborer dans les années 1890 à la Ligue des contribuables et des consommateurs324, qu\'il préside à nouveau, du moins nominalement325. D\'où une polémique avec l\'une de ses bêtes noires, le protectionnisteJules Méline, à propos du mouillage des vins et du code pénal326.
DansLe SiècleetLe Matinpuis dans leJournal des économistes, il vante les mérites du libéralisme327. Il s\'y oppose à tout projet d\'intervention de l\'État dans la vie économique et sociale, aux monopoles étatiques328ainsi qu\'à toutes les lois sociales. Telles celles portant sur la durée du travail, l\'assurance obligatoire, le repos hebdomadaire ou le salaire minimum329. Plus encore qu\'unGustave de Molinari, il est hostile aux grèves dans la mesure où elles sont selon lui une rupture du contrat de travail330, et parce qu\'elles sont synonymes à ses yeux de guerre sociale, prodromes de la«tyrannie socialiste»331. Il est partisan de la manière forte contre les grévistes employés de l\'État:«Si le gouvernement ne déclare pas licenciés tous les ouvriers en grève, qui ne seront pas rentrés demain au travail, avec perte des droits à pension […], il se rendra coupable d\'une nouvelle capitulation et aidera à la désorganisation sociale»332. Lors de lagrève de Carmauxde 1895, il appelle le gouvernement à la fermeté et à«faire le procès des meneurs socialistes»devant l\'opinion publique333. Convaincu que les rapports entre un salarié et un«salariant»— terme qu\'il emploie de préférence à celui de patron, peu apprécié en raison de sa connotation paternaliste — doivent se borner aux termes du contrat de travail, il s\'oppose à la philanthropie à la fois paternaliste et intéressée du patronat ainsi qu\'aux pressions patronales politiques ou religieuses sur les salariés334. Lors d\'une interpellation en 1891 à la Chambre, il reproche aux compagnies houillères«leur excès de philanthropie», générateur de ressentiments335. Il s\'en prend plus encore à la«tyrannie syndicale»336, aux demandes des patrons comme des salariés d\'une intervention de l\'État lors d\'une grève337. L\'État doit seulement assurer la liberté du travail338. Pour éviter les grèves et la tyrannie syndicale, il préconise une solution issue d\'un projet deGustave de Molinari: la formation de sociétés commerciales de travail339.
Rétif à tout sentimentalisme, il prend des positions au nom de la science économique qui le classent parmi les libéraux les plus intransigeants. Ainsi à propos de la mendicité340. Ou bien d\'un fait divers, l\'expulsion par un propriétaire d\'une famille d\'ouvriers341. Le ministère du travail n\'est selon lui qu\'un«ministère de police»avec ses règlements et ses inspecteurs qui briment les entreprises342. Lors du débat sur l\'interdiction des peintures à laCéruse, il prend une position d\'arrière-garde sur cette question, contestant la dangerosité du produit et y voyant à la fois l\'action intéressée du lobby du zinc et le résultat de l\'agitation d\'un syndicat minoritaire de peintres affilié à laConfédération générale du travail(CGT)343,344.
Sa position participe de son combat contre l\'hygiénisme345, au nom de la sauvegarde des libertés et de la défense de la propriété privée. Ainsi ses articles contre l\'action des partisans de la prohibition de l\'alcool, des vins comme de l\'absinthe346. Des considérations hygiénistes l\'avaient pourtant amené à préconiser au conseil municipal de Paris la suppression de l\'enceinte fortifiée en 1882347. C\'est qu\'il déplore l\'évolution qui fait que«les adultes sont tous traités comme de petits enfants»par l\'État dès lors que«des gouvernements démocratiques, qui n\'ont pas la prétention de tenir leur pouvoir de la Providence, dont les membres ne sauraient, sans tomber dans le ridicule, émettre la prétention d\'être doués d\'une sagesse supérieure à celle de leurs compatriotes […] déclarent leurs concitoyens incapables de se conduire par eux-mêmes. Ils leur ordonnent donc de ne travailler que tels jours par semaine, […] considèrent qu\'ils ont le droit d\'interdire telle industrie qui ne convient pas à quelques individus dont ils redoutent l\'agitation»348.
Il a bataillé dans la presse et dans ses ouvrages contre les industriels protectionnistes et contre leur meneur,Jules Méline, et sa ligue bimétallique349. Contre un des lieutenants de Méline, l\'économiste Jules Domergue, animateur des périodiques de l\'Association de l\'industrie et de l\'agriculture françaises350. Il accuse Domergue et sa revueLa Réforme économiquede l\'avoir combattu aux élections de 1893«avec autant d’énergie et de perfidie»que le journal socialisteLa Petite République351.
Avec plusieurs autres membres de laSociété d\'économie politique(SEP), il fait partie d\'une commission extraparlementaire de l\'impôt sur les revenus initiée par le ministre des financesRaymond Poincaréen 1894 pour empêcher la mise en place de cet impôt progressif. Il s\'y oppose à l\'impôt sur la rente352. Comme la plupart des membres de cette société, il a combattu les lois sociales, comme la loi sur les retraites ouvrières; il refuse que l\'on sacrifie le principe de la liberté individuelle à cette loi353. Des animateurs ou membres de la SEP ont collaboré auSiècledirigé par Guyot, telsFrédéric Passy354, Jules Fleury355, secrétaire perpétuel de la SEP,Ernest Brelay, autre dreyfusard, vice-président de la SEP de 1896 à son décès en 1900356, Emmanuel Vidal, Daniel Zolla357, le RusseArthur Raffalovitchou les BelgesGustave de MolinarietLouis Straus, directeur de laRevue économiqueet président du Conseil supérieur de l\'industrie et du commerce358. Guyot est élu vice-président de la SEP enavril 1901359. Il est membre du comité de direction d\'une éphémère Fédération libre-échangiste internationale, constituée en 1901, aux côtés d\'autres membres de la SEP (Gustave de Molinari, Frédéric Passy, Jules Fleury), d\'industriels et négociants français, telAlfred Mascuraud, de personnalités d\'autres pays tels le baron d\'Aulnis de Bourouille, président de la Société du libre-échange des Pays-Bas, Louis Straus, président de la Ligue nationale belge pour la liberté commerciale, Harold Cox, secrétaire du Cobden club, des Italiens, etc360. À ce titre, il cosigne dansLe Siècleavec Jules Fleury un appel aux électeurs à l\'occasion des législatives de 1902, leur enjoignant de demander aux députés une politique économique libre-échangiste,«conforme à la déclaration des droits de l\'homme, réellement démocratique, […] au lieu de se résigner à la politique oligarchique sacrifiant l\'intérêt général à des intérêts particuliers que représente le protectionnisme»361.
Guyot finit par présider laSociété d\'économie politique: il est élu second président enjanvier 1913— la SEP a alors deux présidents à la fois à cette époque, un premier et un second; chaque président est élu pour 8 ans, et devient premier président au bout de 4 ans362—, cède la première présidence àRaphaël-Georges Lévyenjanvier 1921, mais est réélu second président363, et redevient premier président d\'avril 1925364à son décès en 1928365. Il y défend le libéralisme et le libre-échange. En l\'absence des présidents de la société, c\'est lui qui préside la séance solennelle de la Sorbonne pour le70eanniversaire de la société en 1912366.
Dans les années 1900, il devient également l\'un des deux vice-présidents de la Société des industriels et des commerçants de France367, un groupe de pression patronal au succès très limité. Cette association a été fondée enmars 1895avec l\'appui de parlementaires commePierre Waldeck-Rousseau,Paul DelombreouJules Rocheet d\'hommes d\'affaires parlementaires (Jules Charles-Roux,Jules Siegfried), parfois membres de la Société d\'économie politique (Delombre, membre par ailleurs du Cobden Club et ancien membre du comité de la Ligue de Menier, Siegfried, Charles-Roux), pour rétablir les traités de commerce et faire pièce à l\'Association de l\'industrie et de l\'agriculture françaises. Le premier président de l\'association était le commerçant parisien Ernest Lourdelet, membre de la chambre de commerce de Paris368. La société a traversé une crise en 1902369. C\'est enmai 1903370que Guyot accède à la vice-présidence de l\'association que président successivement le fabricant de produits chimiques et pharmaceutiques Armand Fumouze, président de la Chambre de commerce de Paris depuis 1901, l\'un des fils d\'Émile Menier,Gaston Menier, membre français du Cobden club et ancien président d\'honneur de la Ligue des contribuables et des consommateurs, l\'industriel parisien de la confection Julien Hayem371, membre de la Société d\'économie politique à partir de 1902. Cette association tient des dîners mensuels que Guyot préside souvent et au cours desquels il s\'exprime372, un banquet annuel, publie des travaux en faveur du libéralisme373, et émet des vœux, rencontre le ministre du commerce374. Ainsi, en 1910, elle demande une véritable répression contre les meneurs et agitateurs socialistes375. En 1907, Guyot préside une séance consacrée à l\'impôt sur le revenu, qui est évidemment combattu376. La même année, Guyot discourt sur les grèves et un vœu est émis, appelant«les agriculteurs, industriels, commerçants, ouvriers et employés qui produisent la richesse et font la fortune et la grandeur de la France à répondre à la violence et aux menaces et à user de tous les droits que la loi met à leur disposition pour résister […] aux menées et à la tyrannie des syndicats révolutionnaires»377. L\'autre vice-président de cette Société l\'est depuis l\'origine, contrairement à Guyot; c\'est un maître de forges, Alphonse Pinard, administrateur-délégué des forges et fonderies de Sougland (Dubois, Pinard et Cie), président de l\'Alliance syndicale du commerce et de l\'industrie, du syndicat général des fondeurs de fer de France, de la chambre syndicale du chauffage, de la Mutualité industrielle, vice-président de l\'Union métallurgique et minière, membre fondateur de l\'Alliance républicaine démocratique378. Cet industriel finit aussi par présider une société savante, la société d\'économie industrielle et commerciale. Guyot, qui en a été membre, a été appelé à y discourir à plusieurs reprises379. Son président-fondateur, le manufacturier Léon Tharel, a été le président du conseil d\'administration de la société duSiècle380.
Ennovembre 1910, Guyot fonde avec les principaux membres de la Société d\'économie politique et préside une Ligue du libre-échange. Son siège se situe à l\'origine aux bureaux duJournal des économistesdont il est le rédacteur en chef. Elle entend démontrer les méfaits du protectionnisme, par des travaux et des conférences. La ligue a comme présidents d\'honneurPierre Émile Levasseur,Édouard Aynard,Frédéric Passy,Gustave de Molinari, membres de la Société d\'économie politique (SEP), et le négociant bordelaisMarc Maurel, ancien vice-président de la Société des industriels et des commerçants de France. Le secrétaire général de la ligue est le secrétaire général de la SEP, Daniel Bellet. Les vice-présidents originels sont membres aussi de la SEP:Gustave Schelle, vice-président de la SEP à partir dejanvier 1912, Biard d\'Aunet, ancien diplomate, et Lucien Vaquez, administrateur-délégué de la société La Soie. On peut ajouter Paul Renaud, ingénieur-conseil et trésorier adjoint, et l\'industriel Germain Paturel, l\'un des deux secrétaires adjoints, qui collabore auJournal des économistes. Guyot déclare lors de la première conférence publique de cette ligue, présidée par Aynard:
«N\'eût-il pas mieux valu prendre un titre plus atténué? Mes amis et moi nous ne l\'avons pas pensé, parce qu\'il importe qu\'il n\'y ait pas d\'équivoque. Le libre-échange est une doctrine. Le protectionnisme n\'a pas de doctrine, il ne représente qu\'un chaos de politiques locales, personnelles, toujours variables. Le protectionnisme n\'ose pas même affirmer son but. Il prend des prétextes: défense du travail national. Or loin de lui être utile, il lui est nuisible; (les) tarifs compensateurs […] ont pour résultat d\'élever le prix de l\'existence et le prix de revient des produits.»
L\'activité de la ligue se manifeste par des réunions mensuelles à Paris, l\'envoi aux adhérents d\'une feuille mensuelle, l\'envoi de brochures et de tracts, la publication d\'ouvrages formant la Bibliothèque du libre-échange - par exemplel\'ABC du libre-échange, de Guyot -, édités parFélix Alcan, qui publie leJournal des économistes, des conférences, à Paris et dans quelques bastions du libre-échange comme Marseille ou Bordeaux. Une seule section locale voit le jour, celle de Marseille en 1913. Elle est présidée par un autre membre de la SEP, le négociant Paul Cassoute, président de la Société d\'études économiques de Marseille; il devient vice-président de la Ligue à cette date. Un autre vice-président est le négociantJames Hennessy, futur successeur de Guyot à la mort de ce dernier en 1928. Guyot, Schelle et des adhérents de la Ligue se sont rendus à Londres enjuin 1913, à l\'invitation du Cobden club et du National liberal club381. Cette ligue survit difficilement à la Première Guerre mondiale. Guyot, en tant que président, assiste à une conférence internationale du libre-échange à Londres en 1920, organisée par le Cobden club et diverses ligues382. Une rubrique consacrée à la ligue figure dans LeJournal des économistes. La ligue ne fait guère parler d\'elle, hormis un appel en 1925 à la diminution des droits de douane pour faire face à l\'augmentation du coût de la vie383.
Guyot a enfin présidé le conseil d\'administration d\'une société d\'assurances mutualiste, la Société générale française d\'assurances mutuelles sur la vie, constituée en 1906384. Il a été également administrateur d\'une filiale, la Société générale française de rentes viagères et de retraites pour la vieillesse, fondée en 1912385. La société mère est dissoute endécembre 1918386.
À l\'occasion de ses 80 ans, célébrés par la Société d\'économie politique et la Société de statistique de Paris, ses convictions libérales et libre-échangistes sont mises en valeur. Il rappelle les«vérités économiques»dégagées par l\'observation depuis lesphysiocratesduxviiiesiècle:«les pouvoirs publics ont pour but non de comprimer l\'individu, mais de garantir leur liberté», l\'affirmation de la propriété individuelle, la«nécessité de la liberté du commerce et de la plus grande concurrence». Il est plus que jamais partisan de la formule deVincent de Gournay«Laissez faire, laissez passer»car«c\'est la réclamation pour chaque individu du droit de produire et d\'échanger; en un mot du droit d\'agir: et le droit d\'agir est la caractéristique des principes de 1789». Il se dit effrayé lorsqu\'il voit«le maintien et le renforcement de l\'impôt progressif et personnel, le maintien et la continuation de la législation dite sociale». Il se désole que les pouvoirs publics violent ce qu\'il nomme«les lois de la science économique», que la guerre«n\'a point dissipé les erreurs économiques et politiques»:«Tandis que la science et l\'industrie affirment la prédominance de la civilisation d\'échange, la majorité des peuples et la plupart des gouvernants en sont restés à la vieille politique de la civilisation guerrière»387.
Le pacifiste[modifier|modifier le code]
Pacifiste, en partie parce qu\'il est convaincu que le libre-échange favorise la paix388, il participe aux discussions qui débouchent sur le congrès international de la paix qui se tient à Paris en 1889389et entre au conseil d\'administration de la Société française pour l\'arbitrage entre nations390, présidée parFrédéric Passyet dont est membre également le sénateurLudovic Trarieux, premier président de la Ligue des droits de l\'homme391. Son journalLe Siècleappuie le mouvement pacifiste et Guyot collabore au périodiqueLa Paix par le droitjusqu\'à son décès392. Il participe aux congrès de la paix en tant que président de la Ligue du libre-échange393.
À la veille du premier conflit mondial, il critique le pangermanisme et le gouvernement allemand, sans pour autant rallier le camp des«chauvins français». Il est alors hostile aux«mégalomanes qui entassent (les) charges militaires»en Europe, estimant que cela favorise la puissance économique américaine394.
Durant la première année de la Première Guerre mondiale, les dirigeants français de la Ligue du libre-échange, Yves Guyot notamment, polémiquent avec un économiste allemand signataire duManifeste des 93,Lujo Brentano, à propos de la responsabilité de l\'Allemagne dans le déclenchement du conflit et desatrocités commises par l\'armée allemande395. Guyot réfléchit durant le conflit aux causes et aux conséquences de la guerre, à la nécessité de«préparer l\'évaporation et l\'oubli»des haines nationales: le futur traité de paix doit être,«non une œuvre de rancune et de passion, mais une œuvre de prévoyance»396.
Contrairement à l\'économiste britanniqueJohn Maynard Keynes, il n\'estime pas trop lourd le montant desréparationsinfligées à l\'Allemagne vaincue397.
Divers[modifier|modifier le code]
Au cours de sa vie, Guyot a été membre de divers autres associations et comités, privés ou publics. Il préside en 1895 l\'association littéraire et artistiqueLa Pomme, qui rassemble des personnalités vivant à Paris et originaires de Bretagne et de Normandie398. Il est membre à partir de 1909 de la Société franco-japonaise de Paris, et son vice-président en 1922399, membre du comité de l\'Association France-Suisse, constituée en 1922400. Il est désigné membre en 1925 du Comité français du tunnel sous la Manche401. Il est en outre membre du comité de la Société pour la propagation de l\'incinération402.
Il s\'est exprimé lors des congrès de l\'Association française pour l\'avancement des sciences, dans la section d\'économie politique403.
Il est membre honoraire de la Société royale de statistique de Londres, membre correspondant de la Commission centrale de statistique de Belgique, membre à partir de 1895 de l\'Institut international de statistique404. En France, il est membre du conseil supérieur de statistique et du conseil général de la statistique de la France405.
Il a fait partie de plusieurs commissions extraparlementaires, comme celle désignée parPierre Waldeck-Rousseau- on y trouve donc des membres de l\'Alliance républicaine démocratique comme Guyot - et consacrée à la dépopulation à partir de 1902, dont il a été le rapporteur de la sous-commission de la natalité. Il a été chargé d\'un rapport sur les obstacles économiques à la population406. Ou celle consacrée à la recherche des moyens pour organiser une exposition internationale de la vie ouvrière, à la demande du ministre du commerce en 1905407. Ou bien, la même année, la commission chargée d\'étudier les moyens d\'améliorer le fonctionnement des bourses du commerce408. En 1903, il est désigné par le ministre du commerce membre du comité consultatif de contrôle et de publication des résultats du recensement409.
Une rue de sa ville natale, Dinan, porte son nom. Un monument à sa mémoire, œuvre du sculpteurJean Boucher, est aussi érigé dans cette ville, à l\'instigation de l\'Association des bleus de Bretagne.«Cette association se devait de donner à Yves Guyot, comme elle a contribué à donner en d\'autres temps àErnest Renan[…], la pierre du souvenir. Ce grand bourgeois libéral avait une âme d\'acier. Il est de la belle et glorieuse lignée des fondateurs de la IIIe République, de ceux-là qui, ne reculant pas devant l\'emprisonnement politique, renversèrent leSecond Empire. De la vie de ce grand bourgeois libéral se dégage pour nous une réconfortante leçon de morale», déclare son président, le sénateurPierre Even, lors de l\'inauguration enjuillet 1932. Le député-maire de DinanMichel Geistdoerferexalte lui«la belle indépendance de son caractère», la«liberté d\'esprit et ( le ) franc-parler»de ce«rationaliste»qui s\'est dressé«contre tous les dogmatismes, contre tous les despotismes».Clément Colson, président de laSociété d\'économie politique, affirme quant à lui:«En toute matière, Yves Guyot a été essentiellement un libéral. […] Il fut libre-penseur jusqu\'à ses derniers jours, comme l\'ont prouvé ses obsèques. Il resta libre-échangiste convaincu lorsque le protectionnisme fut devenu la doctrine de presque tous les gouvernements, même du Parlement anglais […]»410.
Des cercles libéraux, l\'Institut Coppet notamment, tentent de faire vivre la mémoire de cet auteur aujourd\'hui oublié.

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Prices forEUROPE& OTHER COUNTRIES-Our prices include stamps & packaging.If letter >3 cm : Mondial Relay (just for Germany, Belgium, Luxembourg, UK, Spain, Austria, Italy, Portugal)or international Colissimo.-lots sold up to 30 €:\"lettre suivie\" (just tracking number) or registered letter (insurance R1) :at the choice of the buyer-lots sold over 30€ :registered letter with tracking number & insurance (R1 until 50€ or R2 beyond 50€)1 - \"lettre suivie\" (with tracking number) > 4.90€ if -20g / 6.50€ from 20g to 100g / 10,50€ from 100g to 250g / 15€ from 250g to 500g2 - \"registered letter\" : - if -20g >6,90€ for objects buyed until 50€ / 7.90€ from 51€ to 150€ / beyond 151€ : please contact me - if 20to100g > 7,90€ forobjects buyed until 50€ / 8.90€ from 51€ to 150€ / beyond 151€ : please contact me
CONDITIONS DE VENTE
Délais et modes de paiement acceptés:merci, dans la mesure du possible, de privilégier le virement bancaire(un IBAN est si simple à saisir, ne génère pas de frais complémentaires et resservira pour une prochaine transaction !)
- Merci de ne pas régler avant réception de la facture > j\'ajuste parfois le prix du port selon le poids/zone géographique- L’acquéreur s’engage à régler sous huitaine le montant des pièces achetées.- Passé ce délai, je me réserve le droit de remettre en vente l\'objet impayé.Paiements / virement bancaire
IBAN accessible lorsque vous validez le choix
\" payer par virement bancaire \"

En cas de souci merci de m\'envoyer un message et je vous le renverrai par e-mail- merci de noter le n° de la pièce achetée ou le nom de l’auteur sur le libellé de votre virement.- les éventuels frais de virement bancaire sont intégralement à la charge de l’acheteur.2 / chèque bancaireà l’ordre de «Autographes d’Antan»-uniquement pour la France.3 / paypalaccessible lorsque vous validez le choix
\" payer par paypal \"- acheteurs français et européens, merci de privilégier le virement bancaire, rapide et gratuit.4 / espècesUniquement en cas de remise en main propreMaximum 1000€ (sur accord préalable)
Délai d\'expédition- enFrance:envoisous 1 à 2 jours ouvrés (sauf périodes exceptionnelles de congés)(sauf pour les paiements par chèque des enchérisseurs ayant moins de 10 transactions enregistrées ou une note <98% : dans ce cas, envoi 8 jours après encaissement du chèque)-enEurope et autres pays: envoisous 2 jours après réception du paiement effectué parvirement bancaireouPaypal


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A Traveling Exhibition from Russell Etling Company (c) 2011